les VIP et les autres

Pour la deuxième nuit consécutive les employés du Ministère des finances, section des taxes foncières, vont dormir dans la rue, devant leur Ministère. Je ne risquais pas de manquer l’évènement car la rue en question passe sous ma fenêtre de chambre.

Oubliés des augmentations de salaires (pourtant pas plus nombreuses ici qu’en France) leurs revendications semblent assez banales mais ce qui l’est moins, c’est l’ampleur du problème.

200 guinées, c’est le salaire de ces fonctionnaires. Certes la vie n’est pas chère pour un européen en Egypte : une telle somme permet de s’acheter 200 tickets de métro, ou 200 kg de tomates, mais cela ne permet guère d’acheter plus de 5 kg de viande rouge sans parler des loyers actuels totalement inaccessibles. Il n’y a guère que des taudis insalubres en banlieue lointaine dont les loyers soient inférieurs à 100 LE.

Plusieurs files de camions de CRS locaux s’entassent dans les rues avoisinantes, des cordons de flics entourent le lieu du sitting, et des nuées de mukhabarat (indics) sillonnent le quartier. Mais pour l’instant, il semble que la solution forte ne soit pas à l’ordre du jour.

Il faut dire que ce mouvement comme quelques autres qui émaillent l’actualité depuis plusieurs mois est très bien accueilli par la population. L’augmentation des prix et le ridicule des salaires égyptiens alimentent pas mal les conversations. Le taux d’inflation est de 8% selon le gouvernement, et de plus de 25% selon des experts économiques.  Les carburants et les transports par exemple, ont augmenté de 20 à 30% depuis 2006.

Insolites, ces officiers de police et huiles ministérielles qui sur le trottoir de la manif, à 30m du rassemblement, se font livrer des petits fours, dessous un affichage adressé à d’improbables VIP…