at-taṣarruf
Contrairement à l’impression que pourrait laisser un coup d’œil rapide, l’Égypte est un pays écolo dans l’âme. Je ne plaisante pas.
Il n’y a pas de statistiques fiables sur le sujet mais je suis convaincue que le volume d’ordures par habitant, par exemple, y est de 2 à 5 fois inférieur au nôtre : 1/ parce que l’immense majorité des égyptiens n’a pas les moyens de consommer (et à peine de quoi manger) 2/ parce que même lorsqu’ils accèdent à un niveau de vie presque correct, les égyptiens gardent des réflexes de pauvres (ceux qu’avaient nos grands-parents) : on récupère, on recycle, on répare, on bricole … plutôt que de jeter et racheter. Bref, la débrouille (at-taṣarruf en égyptien). Le grand problème des ordures en Égypte, c’est qu’elles sont pratiquement toutes hors des poubelles. Normal vous allez me dire, il n’y a pratiquement pas de poubelles…Ce n’est sans doute qu’une partie du problème car je connais des endroits (rares) très fournis en poubelles qui subissent le même sort.
Pour en revenir à la débrouille égyptienne, prenez un quartier où les trottoirs font 40 cm d’épaisseur et où tout le monde peine à lever la jambe à chaque croisement. Par exemple, dans mon quartier, juste à côté de la cour suprême de justice, exactement là où les jeunes du 6 avril et de Kefayya se sont fait tabasser l’autre jour.
Prenez un égyptien qui a chez lui un évier percé, et qui, après avoir tout fait pour le réparer à coup de cartons, de chiffons, voire de silicone, renonce, poussé par son épouse qui, telle Zeth dans le roman de S. Ibrahim, a réussi à le convaincre d’aller acheter le dernier cri chez Omar Effendi.
Et bien en Égypte, l’évier se retrouve, on ne sait par quel miracle – (en tout cas sans réunion du conseil de quartier ni conseil municipal participatif) – à servir de marche-pied pour grimper sur le dit-trottoir, et ce pour des centaines de personnes par jour. Cela fait trois mois que ça dure et personne n’y trouve à redire, sûrement pas le cireur de chaussures qui somnole sur son carton à cet endroit du matin au soir (sauf quand la police vient y cueillir les manifestants pacifiques, bien entendu).
Elle est pas belle, la vie ?
J’aime tellement cette ville où le chaos est sans cesse contrebalancé par la débrouillardise et l’esprit de solidarité : أحب أهل القاهرة
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et oui elle peut etre belle la vie !
chez moi a guiza, c’est les oiseaux pique boeuf et autres corneille qui se chargent des ordures !
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Si !
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