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1er mai : travailleurs de tous les pays…

1 Mai 2009

Un lecteur attentif de ce blog l’aura compris, j’ai récemment voyagé au Liban (via la Syrie). Ce fut l’occasion de rencontrer une autre réalité, mal connue, souvent fantasmée et rarement décrite sous l’angle des désastres humains qu’elle produit : je veux parler de la migration des travailleurs.

migration-libye2Dans l’aéroport du Caire d’où je suis partie, un avion lowcoast pour Tripoli (Lybie) s’apprêtait à décoller. A son bord, des dizaines de travailleurs égyptiens qui partaient tenter leur chance, dans des boulots les plus divers. Durée de séjour ? Deux mois, trois mois, un an… avec la crainte permanente d’être brutalement chassés et obligés au retour comme cela s’est passé en 85 à l’occasion de fluctuations du prix du pétrole (250 000 égyptiens chassés en quelques jours) ou lors de la guerre du Golfe. C’est le sort du travailleur émigré : il part souvent en situation de pauvreté, et il vit une deuxième humiliation lorsqu’il est prié de rentrer chez lui, même si tous les pays ne procèdent pas de façon aussi scandaleuse qu’Hortefeux ou Khadafi. Plus grave encore, la situation de celui qui tente sa chance de façon « illégale » et s’échoue dans une embarcation de fortune, sur les côtes italiennes, quand ce n’est pas au beau milieu de la mer

migration-liban21Dans le bus qui partait à 7hOO du matin de Damas pour atteindre Beyrouth trois heures plus tard, nous étions une touriste et trente candidats au départ, syriens bien sûr. Cette fois c’est la manne de la (re)construction qui attire les aspirants maçons dans un pays où ils sont souvent méprisés, mal accueillis, et les premières victimes lors des conflits bilatéraux. On se souvient par exemple que des maçons syriens avaient été très violemment pris à parti après l’attentat contre R. Hariri, et qu’une bombe israélienne était tombée en juillet 2006 sur une ferme de la Bekaa qui faisait travailler une soixantaine d’ouvriers agricoles syriens (tous morts) : un objectif hautement stratégique bien sûr, que ces ramasseurs de tomates !
Il y a au Moyen Orient des pays qui exportent du pétrole comme l’Arabie Saoudite, le Bahrein, le Koweit, Oman…et des pays qui exportent de la main d’oeuvre comme la Syrie, la Jordanie, et l’Egypte.
panneau-californien-tijuanaIl y a sur la planète des pays qui exportent des capitaux, et d’autres qui exportent leurs habitants. Le problème c’est que si les premiers circulent en toute liberté, sans entrave ni obligation de transparence ( Pascal Lamy veille au grain), les deuxièmes sont les objets de toutes les pressions, de tous les mauvais traitements et diabolisations, et d’une surenchère permanente à la dévalorisation du cout du travail. Ce qui permet bien sûr, de continuer d’enfler les premiers (je veux dire les capitaux), voilà pourquoi certains tiennent tant à ce que ce catastrophique fonctionnement mondial perdure. La clandestinité, les foyers sonacotra, les centres de rétention, les barbelés et autres murs de la honte font partie de ce decorum qui permet de s’assurer de la résignation des migrants et de tous ceux qui ne le sont pas (ou pas encore).
L’émission « là-bas si j’y suis » avait mis en ligne il y a quelques temps ce panneau photographié à la frontière américano-mexicaine. Bientôt à toutes les frontières ?

En espérant que le magnifique 1er mai qui se prépare -au moins en France et en Europe- permettra comme le disait le Manifeste pour les produits de haute nécessité de « saisir l’impossible au collet, et d’enlever le trône de notre renoncement à la fatalité« .

2 commentaires leave one →
  1. 3 Mai 2009 2:03

    La scène est encore plus choquante au port de Safaga. Je n’ai même pas osé prendre de photo.

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  2. 1 Mai 2009 16:18

    500000 travailleurs egyptiens ont été ou vont etre remerciés dans les pays du golfe !et vont venir grossir les chiffres du chomage !

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